dimanche 11 février 2007

Enquête: Une majorité d'enfants scolarisés manque des trucs de vocabulaire

Une étude de l'Académie française montre les défaillances du système éducatif

Alain Terrieur
La Lune de la presse internationale

PARIS, FRANCE

Il y a trop d'enfants scolarisés en France qui manquent parfois de trucs pour bien réussir à s'exprimer, a déclaré une étude publiée lundi par l'Académie française. L’Académie a enquêté sur l'enseignement et l'apprentissage du français, et ses conclusions montrent que les élèves n'ont souvent pas assez de bidules en tête pour machiner les trucs qu'ils veulent dire aux autres. Afin de prendre en compte beaucoup de milieux sociaux différents, l'Académie a demandé à plusieurs élèves à travers la France leurs avis sur l'enseignement du français.

"Moi je pense que c'est bien, mais parfois c'est pas bien," a révélé un des jeunes, Jemel Angemémeaux, dans le rapport. "Les trucs qu'ils nous apprennent, et bah c'est trop con quoi. J'ai envie d'apprendre d'autres trucs, et puis c'est même pas sûr que ces machins qu'ils nous disent sont les bons trucs pour quand on veut faire des trucs plus tard quoi."

En effet, les élèves manqueraient du vocabulaire à cause d'une crise de confiance dans le système éducatif, a indiqué le rapport. Or, ce n'est que par une réforme globale des valeurs de l'éducation et de la société que ces lacunes du langage quotidien seront rattrapées.

"C'est trop inutile ces choses-là," dit une jeune élève d'un quartier industriel à Strasbourg. "A l'école j'apprends des trucs, mais j'oublie toujours de faire ce qu'il faut pour m'en rappeler, tu sais, les bidules qu'ils nous demandent de faire chez nous quoi."

Certains académiques ont même exprimé l'émergence d'un "trucage" de la langue française, où le vocabulaire utilisé pour bien s'exprimer céderait sa place à une généralité de mots qui expriment plusieurs dizaines d'idées à la fois. Ils prétendent que par ce biais, effectivement, le français se réduirait à une petite centaine de mots en passant surtout par des gestes afin d'indiquer le sens des phrases.

"Nous allons vers une divergence dans la société actuelle," explique Gilles Heustre, un chercheur qui a participé à l'étude. "Cette conjoncture est, vis-à-vis de la linguistique, une rupture dans la continuité des abstractions qui peuvent enrichir la complexité de l'expression orale. Donc, il n'est pas surprenant, ne serait-ce que pour les élèves, que nous soyons actuellement les témoins d'une disparité dans l'utilisation des phrases et du vocabulaire conformes aux normes sociales."

Cette rupture provient d'une incompréhension entre les élèves, qui n'acquièrent que les "trucs de base" en matière de la maîtrise du langage, et les personnes des milieux favorisés qui, elles, seraient poussées à développer leurs capacités linguistiques. Alors que le rapport de l'Académie française souligne bien le problème actuel de l'enseignement du français, il n'est pas allé au point de dire que les divergences linguistiques se généraliseraient à cause de la division des classes sociales. Pourtant, il est sûr que les enfants qui manquent les éléments essentiels pour bien s'exprimer bénéficieraient d'un investissement approfondi de l’Éducation nationale dans leur parcours scolaire.